A la robe pourpre, à la folle jeunesse !

Je quitte l’année écoulée sans aucun regret. 2017 n’a pas été une année douce, et j’aspire à plus de tranquillité et de sérénité. A plus d’élégance aussi. Comme les petits rappels de la vie n’arrivent jamais de manière fortuite, je suis tombée par hasard, deux fois de suite, sur le chef d’oeuvre de Sydney Pollack : Out of Africa (Souvenirs d’Afrique) avec Meryl Streep et Robert Redford.
Vous connaissez sans doute le pitch.

Après une déception amoureuse, la jeune Danoise Karen décide de se marier et de s’embarquer pour l’Afrique. Vite délaissée par un mari volage, elle se consacre à la culture des caféiers et fait figure de pionnière. Son amitié pour l’aventurier Denys se transformera en amour mais elle ne saura pas retenir cet homme épris de liberté. 

Certains trouveront le film un peu « désuet », ou un peu trop « fleur bleue » je n’en sais rien ; personnellement je trouve qu’en ces temps salutaires de libération de la parole féminine, Out of Africa prend une résonance toute particulière et m’interpelle fortement.

Une femme aventurière

Cette histoire d’amour impossible est également un superbe portrait de femme, où Meryl Streep incarne la romancière danoise Karen von Blixen. Une femme qui s’installe au Kenya en 1914, alors colonie britannique. Une femme perdue dans un monde d’hommes. Une femme prête à prendre tous les risques dans la savane africaine pour apporter à son mari volage le matériel et les vivres dont il a besoin. Une femme qui s’éprend follement de l’Afrique, qui gère elle-même la plantation de café (puisque son mari est perpétuellement absent) : les comptes, les employés, les récoltes, et qui s’implique physiquement en mettant la main à la pâte. Ce film est résolument moderne. Aujourd’hui, les femmes ont gagné leur indépendance, au prix de certains sacrifices mais d’une grande liberté aussi. Et puis le désir de faire quelque chose qui a un sens, qui prend du sens, ce fil là est présent dans le film d’un bout à l’autre aussi.

Une femme face au patriarcat

Moi je ne veux vous parler de ce film que pour une scène transgressive que j’idôlatre, vers la fin du film. Lorsque la romancière danoise – qui a tout perdu – est contrainte de quitter l’Afrique. Pour la saluer (et au final par respect), elle est invitée dans le club de côlons qui ne voulait pas d’elle au début du film, à prendre un verre. Elle accepte poliment, arrive au bar, commande un whisky sec. Le barman hésite à la servir (il lui faut le regard approbateur de l’hôte masculin qui lui a demandé de venir boire un verre), sert deux verres, les pousse vers les protagonistes. Meryl Streep lève son verre face à l’assemblée d’hommes et déclare devant eux :

A la robe pourpre, à la folle jeunesse !

Elle boit son verre d’un trait, se tourne vers l’assemblée d’hommes debout, les enveloppe du regard, remercie et s’en va ! C’est d’un culot, d’une élégance et d’une liberté folle.